Malformation congénitale assez fréquente (entre 1 et 10 garçons pour 1 000 naissances), l'hypospadias voit sa prévalence augmenter fortement ces dernières décennies. Voici quelques clés pour comprendre la pathologie.
Hypospadias : définition
L'hypospadias est une malformation congénitale : l'ouverture de l'urètre (canal amenant l'urine de la vessie) ne se situe pas à l'extrémité du pénis mais ailleurs, le long du canal urinaire, sur la face inférieure de la verge.
L'hypospadias est associé à une malformation du prépuce (repli de peau recouvrant le gland). D'autres anomalies sont fréquemment associées à l'hypospadias : courbure de la verge, sténose du méat, déviation du raphé médian, hypoplasie des corps caverneux réalisant un micro-pénis, un prépuce incomplet.
Il existe différentes variétés d'hypospadias :
- balanique (ouverture du méat sous le gland) ;
- pénien (ouverture du méat au milieu du pénis) ;
- pénoscrotal (ouverture du méat à l'angle du pénis et du scrotum) ;
- périnéal (au niveau du périnée) ;
- vulviforme (ayant la forme d'une vulve).
À noter : il arrive que se pose le problème de l'ambiguïté sexuelle. Ou que l'hypospadias soit associé à une ectopie (situation anormale des testicules).
Causes de l'hypospadias
L'hypospadias est le résultat d'un défaut de développement au cours des semaines 8 à 14 de la grossesse. Ce défaut de développement peut être causé par des facteurs génétiques et environnementaux. Les causes de l'hypospadias sont assez mal connues. Mais elles sont plurielles.
Depuis quelques années, on parle beaucoup des conséquences environnementales et notamment des perturbateurs endocriniens, ceux-ci ayant une influence de plus en plus avérée sur la croissance du fœtus (European Urology, 2015).
Ainsi, cette piste privilégiée montre qu'une mère exposée à des perturbateurs endocriniens (pesticides, peintures, solvants, détergents, cosmétiques...) au cours de la différenciation génitale, verrait le risque d'hypospadias multiplié par plus de 3.
On incrimine également :
- le rôle nocif d'un traitement hormonal progestatif au cours des premiers mois de la grossesse ;
- une altération de la synthèse de la testostérone ;
- une anomalie des récepteurs pour ces hormones ;
- l'âge (au-delà de 35 ans).
Bon à savoir : il existe une forme congénitale héréditaire, cette forme familiale représente 10 % des cas d'hypospadias. On suspecte un effet transgénérationnel du distilbène : les petits-enfants des femmes traitées par distilbène seraient 40 à 50 fois plus à risque d'hypospadias.
Hypospadias : traitement
Traiter un hypospadias passe dans la grande majorité des cas par une intervention chirurgicale.
Celle-ci est réalisée dans les premiers mois du nourrisson (entre 3 et 18 mois) et elle est fonction du type et de la sévérité de l'hypospadias. Elle vise à rétablir une éjaculation et une fertilité normales.
On distingue différentes techniques opératoires qui permettent de prélever un greffon pour recréer le méat urinaire à sa place naturelle. Ce greffon peut provenir notamment du prépuce, c'est pourquoi il n'est pas indiqué de pratiquer une circoncision dans les premiers jours de vie.
Parmi les différentes techniques, on peut citer :
- l'uréthropathie de Koyanagi ;
- l'uréthropathie de Duckett ;
- la technique de Onlay ;
- la spongioplastie.
Environnement et modes de vie actuels (obésité, etc.) semblent être pour beaucoup dans les facteurs de risque de présenter un hypospadias à la naissance. Cette malformation de l'urètre pose également la question sur les perturbateurs endocriniens.