Le terme médical pour désigner la jaunisse est « ictère ». La jaunisse des bébés est donc appelée « ictère néonatal ». Cette coloration jaune est due à l'accumulation d'un pigment, la bilirubine.
Il y a plusieurs causes à cette accumulation de bilirubine, qui, en quantité excessive, peut devenir dangereuse. C'est pourquoi, au tout début de leur vie, les bébés sont surveillés de près. La plupart du temps, l'ictère est bénin, mais il peut parfois s'avérer très grave. Faisons un point ensemble.
Jaunisse néonatale : cas des ictères bénins
Ictère physiologique à bilirubine libre
Chez l'adulte, quand les globules rouges meurent dans la rate, un pigment est libéré : la bilirubine. Le foie se charge de la transformer pour permettre ensuite son élimination. Pendant la grossesse, la bilirubine produite par le fœtus est éliminée par la maman.
Un nouveau-né possède plus de globules rouges qu'un adulte. De plus, à la naissance, l'organisme du bébé doit apprendre à gérer l'élimination de la bilirubine tout seul, afin de l'éliminer dans les selles et les urines.
Dans les premiers jours de vie, ou si l'enfant est prématuré, ce mécanisme est encore imparfait. La bilirubine dite non conjuguée (qui n'a pas encore été traitée par le foie), s'accumule et provoque la coloration jaune de la peau (mais aussi au niveau du « blanc des yeux », la conjonctive). Dans ce contexte, on parle d'ictère physiologique :
- Il concerne 60 % des bébés, et même 90 % des petits prématurés.
- Il est détectable au 2 ou 3 ème jour de vie, et disparaît spontanément (sans traitement) dans les 10 jours.
- Le taux de bilirubine reste en général modéré.
L'ictère est décelé lors de l'examen systématique du nouveau-né. Son importance est évaluée à l'aide d'un appareil appelé « bilirubinomètre transcutané », qui donne le taux de bilirubine en l'appliquant sur la peau du nouveau-né. Si le taux est élevé, une prise de sang doit être réalisée.
Jaunisse du bébé : réaction au lait de la mère
Dans le lait de la maman se trouve une substance qui empêche la transformation (conjugaison) de la bilirubine par le foie, et donc son élimination. Il apparaît au 5 ème jour après la naissance.
C'est un ictère bénin qui disparaît en quelques semaines et ne nécessite pas d'interrompre l'allaitement.
Jaunisse du bébé : ictères pathologiques
Ictère nucléaire
À des concentrations très importantes, l'accumulation de bilirubine libre devient toxique pour le cerveau (lésions cérébrales irréversibles). On parle d'ictère nucléaire. C'est pourquoi il faut surveiller l'évolution de l'ictère et son importance.
Si besoin, pour éviter d'atteindre des concentrations en bilirubine non conjuguée trop élevées, un traitement par photothérapie est mis en place. Il s'agit d'un traitement par la lumière.
Le bébé est exposé à une lumière intense, bleue, n'émettant pas d'ultra-violet. Ce traitement favorise l'élimination de la bilirubine non conjuguée et dure en général de 2 à 3 jours.
Bon à savoir : si la photothérapie ne suffit pas à ramener la bilirubine à un taux sans danger, un changement de sang de l'enfant peut être envisagé.
Jaunisse du bébé : ictère hémolytique
Il est dû à une destruction massive des globules rouges (hémolyse). Le foie et la rate augmentent de taille (hépato-splénomégalie) et on constate une anémie. Cet ictère survient dans les 24 heures suivant la naissance. On le qualifie de précoce. Ce type d'ictère est une urgence médicale.
Il peut être dû à une incompatibilité entre le Rhésus de la mère et celui de l'enfant (incompatibilité Rhésus), à une incompatibilité de groupe sanguin (incompatibilité ABO), à un déficit en une enzyme (déficit G6PD)...
Ictère pathologique dit cholestatique
Dans cette situation, il y a une accumulation de bilirubine qui a été transformée par le foie : la bilirubine conjuguée :
- Il s'agit d'une urgence diagnostique : le foie est dur, les selles sont claires et les urines foncées.
- On parle d'ictère cholestatique, qui apparaît quand les voies biliaires ne sont pas fonctionnelles.
- Une intervention chirurgicale est nécessaire.
À noter : certains ictères peuvent aussi être dus à une cause infectieuse.