Les cauchemars de l'enfant ne sont pas graves. Ils font partie de l'évolution de l'enfant. Ils expriment les « préoccupations psychologiques et affectives de la vie de l'enfant qui les revit intensément la nuit ».
Le point dans notre article.
Cauchemar chez l'enfant : définition
C'est un mauvais rêve qui se manifeste chez l'enfant jeune entre 1 et 6 ans (période de sa vie où les acquisitions sont nombreuses) :
- Plutôt en deuxième partie de nuit en phase de sommeil paradoxal. Pour cette raison, « l'enfant ne fait aucun mouvement, il ne se lève pas en dormant » . C'est aussi pour cela que l'enfant se rappelle de son cauchemar.
- Comme les rêves, les cauchemars sont indispensables pour « grandir et évoluer. Les périodes où ils sont plus nombreux « font partie du processus normal de l'évolution ».
- L'enfant se réveille, inquiet, après un rêve désagréable voire angoissant qu'il raconte en détail. Alors, les parents l'écoutent, le rassurent, et l'aident à se rendormir sereinement.
- Les « manifestations physiques sont minimes ou absentes ».
Bon à savoir : les rêves permettent de trier les moments de joie, de difficultés, de trouvailles attirantes ou non et donc de prendre du recul.
Facteurs pouvant favoriser les cauchemars de l'enfant
Expliquez à votre enfant les grands événements qui bouleversent sa vie et celle de la famille pour qu'il puisse comprendre (arrivée d'un bébé, entrée à la crèche, déménagement…) .
Assurez-vous que votre enfant n'a pas de douleurs physiques (otite, fièvre, dent qui pousse...dans ces cas, donnez-lui du paracétamol ou 5 granules de chamomilla pour ses dents avant de dormir) ou d'apnée du sommeil.
La plupart du temps, les cauchemars de l'enfant sont passagers, et sans gravité. Mais parfois, ils « s'installent » et perturbent l'enfant et la vie de sa famille. Certaines situations peuvent induire une période de cauchemars :
- anxiété ;
- chocs émotionnels ;
- difficultés à l'école ou en famille ;
- séparation avec la mère ou le parent : entrée à la crèche, garderie, hospitalisation, naissance d'un bébé dans la famille ;
- « les grandes acquisitions de la deuxième année : marche, langage, propreté » ;
- déménagement ;
- une frayeur peut provoquer un cauchemar : l'enfant ne trouve plus son parent dans un magasin, ou sa mère part, et il croit qu'elle disparaît, ou encore c'est un animal, un bruit violent, une dispute avec un copain… ;
- la jalousie : la naissance d'un bébé, les premiers jeux avec d'autres : « il peut développer une très grande violence intérieure qui le perturbe beaucoup et ressortira la nuit sous forme de cauchemars » ;
- vers 3 ans, il découvre la réalité de la mort et peut avoir peur de mourir, en particulier lorsqu'il s'endort ;
- environnement bruyant, trop regarder la télé, ou faire de l'ordinateur ;
- repas du soir lourd ou excitant ;
- veiller tard et manquer de sommeil ;
- fin de soirées très agitées ;
Bon à savoir : après 6 ans, l'enfant entre dans la phase de latence : c'est une période plus calme où toutes ses questions s'apaisent.
Cauchemar chez l'enfant et somnambulisme
Ce trouble mystérieux reste encore une énigme.
Agnès Brion, médecin spécialiste des maladies du sommeil à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, analyse : « Le somnambulisme amène plus d'interrogations qu'il n'en résout et pose parfois un vrai problème de perte de contrôle pour les personnes qui en sont atteintes. »
En effet, le cerveau est assoupi et le corps est en éveil. Il est donc dangereux de réveiller un enfant qui souffre de ce trouble, car un réveil brutal risque de le mettre dans un état d'extrême confusion, voire « de stupeur ou de choc psychique » l'entraînant dans des comportements désordonnés et brutaux, avec le risque de fuite et de tomber. Le mieux est de le raccompagner silencieusement dans son lit.
Le somnambulisme appartient aux « états non ordinaires de conscience, comme la transe ou l'hypnose »..
Exemple : pour comprendre, relisons L'Odyssée d'Homère. Elpénor, soldat d'Ulysse, dort sur le toit du palais de Circée. Ses amis le réveillent vivement et il se jette dans le vide plutôt que de prendre l'escalier.
Le syndrome d'Elpénor vient de ce mythe : c'est un état de demi-éveil provoqué par une rupture subite du sommeil profond dans la première partie de la nuit.
Marie-Françoise Vecchierini, docteur au centre du sommeil de l'Hotel-Dieu à Paris explique qu'au « cours d'un assoupissement bien synchronisé, un micro-éveil se produit à ce moment précis, nécessaire au passage à un autre cycle du sommeil ».
Lors d'une crise, l'éveil s'effectue au niveau de la motricité, alors que le cerveau « reste dans son état endormi ». Le lendemain matin, l'enfant ne se souvient de rien, mais par contre peut se rappeler de son cauchemar.
Certains facteurs pourraient favoriser des crises de somnambulisme
- le stress ;
- tout ce qui « fragmente le sommeil » comme par exemple les apnées ;
- une mauvaise hygiène de vie, comme les manques récurant de sommeil ;
- des causes génétiques : dans une même famille, plusieurs personnes peuvent souffrir de somnambulisme.
Autres troubles du sommeil lors du sommeil profond
Les parasomnies sont, comme le somnambulisme, des comportements anormaux chez un enfant qui dort. Ce sont :
- La somniloquie : parler en dormant.
- Les terreurs nocturnes : l'enfant ne reconnaît pas son parent, il pleure, et il est dans un état de très grande confusion, mais les terreurs nocturnes ne sont pas des cauchemars. « Il n'y a pas de raisons imaginaires qui conduisent l'enfant à cette agitation. Ce qui est libéré, c'est la capacité de bouger, de se mouvoir, en plein sommeil ».
Que faire face aux cauchemars chez l'enfant ?
Dans son livre, Lorsque l'enfant paraît, Françoise Dolto écrit : « Les enfants qui n'ont pas de cauchemars autour de 7 ans ne sont pas des enfants normaux ; tout enfant a des cauchemars 2 à 3 fois par semaine au moins ».
Hygiène de vie
Veillez à ce que votre enfant ait une bonne hygiène de vie :
- que son repas du soir soit léger ;
- qu'il se couche tôt et à heures régulières ;
- qu'il ait pu prendre un grand « bain d'air » qui le délasse, dans un parc, une aire de jeu végétalisée ;
- restez ferme pour la télé et l'ordinateur aux effets sur-stimulant pour son cerveau.
Bon à savoir : les chercheurs établissent un lien très net entre le temps passé sur les écrans, le sommeil et les performances des enfants en termes de langage, de mémoire, de réactivité et de concentration. Par ailleurs selon une étude parue le 14 janvier 2020 dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de l'agence sanitaire Santé publique France, les enfants exposés aux écrans le matin avant l’école auraient trois fois plus de risque de souffrir de troubles du langage.
Communication et rituels
« L'enfant a besoin, terriblement besoin, d'être rassuré ». Il a besoin que ses parents soient « calmes, apaisants, lui disent et lui répètent qu'il ne risque plus rien puisqu'ils sont là ; Ce serait une erreur de nier la réalité de ce qu'il vient de vivre » écrivent MJ. Challamel et M.Thirion dans leur livre, le sommeil le rêve et l'enfant. Aussi :
- Privilégiez le soir des moments calmes et câlins, tranquilles et apaisants dans un habitat chaleureux et bienveillant qui réconforte et rassure votre enfant avant le coucher (lumière douce, air frais et renouvelé dans sa chambre) car il peut craindre de s'endormir et que ses cauchemars recommencent.
- Prenez le temps du rituel : un bain, un câlin, un bercement, une connivence. Laissez le choisir s'il en a envie, une histoire de cauchemars avec des desseins de « rêves rocambolesques ou un peu inquiétants mais finissant bien » qui laisse l'enfant soulagé et réconforté vis à vis de ses cauchemars. « Il peut ainsi conceptualiser sa peur, la dire sous différents modes symboliques et souvent, du coup, les cauchemars s'espacent et disparaissent » .
Parlez à l'enfant de son cauchemar dans un langage simple, puis :
- Laissez-le raconter son mauvais rêve. Proposez-lui de le dessiner (par exemple avec un mandala) ou de le jouer avec lui de « manière symbolique les difficultés qu'il traverse ...et le faire revivre dans la journée en le faisant trembler de rire, et non plus d'angoisse » (par exemple, par l'intermédiaire d'un petit théâtre ou de poupées qui se racontent le rêve inquiétant).
- Utilisez des marionnettes, des histoires, des jeux pour l'aider à se mettre à distance de ses émotions (peur, panique, chagrin, colère, angoisse, craintes…).
Bon à savoir : si les cauchemars sont très violents, c'est qu' « ils témoignent d'une difficulté à être en paix dans le quotidien ». Pendant la journée, l'enfant est agité. « Trouver ce qui fatigue anormalement l'enfant ou l'origine de ses soucis, c'est déjà aborder avec lui les moyens d'y remédier et, bien souvent, cela seul suffira » .
Faire appel à des professionnels
Les cauchemars sont en principe passagers, mais s'ils continuent longtemps ou entravent la vie de l'enfant et celle de la famille, des lieux-ressources et des professionnels peuvent vous aider et vous soutenir.
Pensez aussi à l'aide précieuse de : la sophrologie, l'acupuncture, le Gi gonq ; le do-in, l'hypnose, la relaxation.
Médecines douces
Éventuellement :
- Préparez-lui une tisane de mélisse et d'aubépine avant son coucher pour qu'il se détende.
- Pour les plus petits, proposez 1 cuillerée à soupe d’hydrolat de verveine citronnée dans un demi-verre d’eau avant le coucher pour équilibrer le système nerveux.
- S'il est plus grand, après 7 ans, proposez-lui des huiles essentielles (HE) aux effets calmants pour le corps et l'esprit : la lavande (sédatif léger) , ou l'oranger amer (action équivalente à un sédatif léger). Versez une goutte d'huile essentielle sur une étoffe de lin près de son oreiller.
- Vous pouvez aussi diffuser, une demi-heure avant le coucher, un mélange d'HE de mandarine, de ravintsara et de petit grain bigaradier (2 gouttes de chaque).
- En homéopathie, donnez-lui le soir 5 granules de stramonium.
Bon à savoir : ces traitements sont pour votre connaissance seulement Demandez conseil à votre médecin ou à un naturopathe.