La sténose du pylore touche majoritairement les nourrissons avant l’âge de 3 mois, plus rarement les adultes. Son diagnostic est difficile, car les symptômes ne sont pas toujours caractéristiques, puisque d’autres causes de vomissements chroniques existent par ailleurs.
Le traitement de la sténose du pylore requiert une intervention chirurgicale, qui permet le plus souvent une guérison définitive du nourrisson. Le point maintenant.
Sténose du pylore : qu'est-ce que c'est ?
La sténose du pylore, encore appelée « sténose hypertrophique du pylore », touche essentiellement les nourrissons et survient généralement entre 1 et 3 mois après la naissance.
Le pylore est une partie de l’estomac, située près de sa sortie, qui se compose d’un conduit muqueux (canal pylorique) entouré de muscles. Le pylore régule le passage des aliments de l’estomac vers l’intestin grêle.
La sténose du pylore consiste en un épaississement anormal des muscles entourant le canal pylorique :
- Le diamètre du canal pylorique se rétrécit progressivement jusqu’à se fermer totalement.
- Le passage des aliments devient de plus en plus difficile et la vidange de l’estomac, retardée dans un premier temps, finit par devenir totalement impossible.
- Surviennent alors des vomissements chroniques qui évoluent progressivement vers une intolérance à toute alimentation.
À noter : les mécanismes responsables de l’épaississement des muscles entourant le canal pylorique restent encore mal compris, même si différentes hypothèses ont été évoquées par les scientifiques : hypersécrétion d’une hormone gastrique (la gastrine), atteinte neurologique gastrique, prise de médicaments antiémétiques par la mère au cours de la grossesse.
Facteurs de risques de la sténose du pylore
La sténose du pylore est une pathologie fréquente chez le nourrisson (2 % des nourrissons), et touche plus particulièrement les garçons (9 fois plus de garçons touchés que de filles).
Bon à savoir : la sténose du pylore est impliquée dans 5 % des vomissements du nourrisson.
Certains facteurs sont connus pour augmenter le risque de présenter une sténose du pylore :
- On observe une prédisposition génétique, surtout si la mère a été elle-même atteinte d’une sténose du pylore.
- L’aîné de la fratrie est souvent plus touché.
- La sténose du pylore est plus fréquente au printemps et en automne, sans doute en lien avec des facteurs environnementaux.
D’autres facteurs sont reconnus comme capables d’aggraver la sténose du pylore :
- une atrésie de l’œsophage (malformation congénitale de l'œsophage) ;
- la prématurité ;
- une alimentation entérale (lorsque le nourrisson est incapable de s'alimenter) ;
- l’association avec un reflux gastro-œsophagien.
Bon à savoir : la sténose du pylore peut plus rarement toucher les adultes. La réduction du calibre du canal pylorique est alors due à la compression par une tumeur gastrique.
Symptômes de la sténose du pylore
La sténose du pylore se manifeste principalement par des vomissements, présentant les caractéristiques suivantes :
- apparition de 10 jours à 6 semaines après la naissance ;
- d’abord de simples régurgitations, puis des vomissements qui s’aggravent rapidement en quelques jours ;
- des vomissements abondants, en jets, à distance des tétées, constitués de lait caillé et de liquide gastrique non bilieux, exceptionnellement sanglants.
Parallèlement, le nourrisson conserve un bon appétit et reste tonique très longtemps. Une constipation, une diminution des urines (oligurie), une stagnation voire une perte de poids suivent dans une seconde phase l’apparition des vomissements.
En dehors de ces symptômes classiques, certaines formes de sténoses du pylore semblent plus atypiques et peuvent compliquer le diagnostic :
- une apparition précoce ou retardée des vomissements faisant plus penser à un reflux gastro-œsophagien ;
- des vomissements sanglants caractéristiques d’une gastrite ou d’une œsophagite, souvent plus évocateurs d’un reflux gastro-œsophagien ;
- la présence d’un ictère dans certains cas.
Sténose du pylore : diagnostic
Le diagnostic de la sténose du pylore est complexe, car les vomissements du nourrisson peuvent avoir plusieurs origines. Le médecin s’appuie sur plusieurs examens pour confirmer le diagnostic :
- L'auscultation permet au médecin d'observer une voussure (courbure) de la paroi abdominale au-dessus de l’ombilic et des petites ondulations de la paroi abdominale.
- L’échographie abdominale, examen clé, confirme la présence de la sténose du pylore en mettant en évidence l’épaississement de la musculature autour du canal pylorique.
- Une radiographie de l’abdomen à jeun peut être utile.
- Un transit œso-gastro-duodénal (TOGD) est un examen radiologique du tube digestif après ingestion d’un produit de contraste. Cet examen est aujourd’hui rarement pratiqué, mais il peut être nécessaire en cas de doute à l’échographie.
- Des analyses biologiques sanguines permettent d'observer la diminution des taux sanguins de chlore et de potassium (alcalose métabolique) consécutive aux vomissements, et l'augmentation de l’hématocrite (déshydratation).
Traitement de la sténose du pylore
La sténose du pylore est une pathologie bénigne si elle est prise en charge rapidement. Le seul traitement possible de la sténose du pylore est une intervention chirurgicale qui permet une guérison totale, sans séquelles importantes (parfois des troubles dyspeptiques persistants) et sans récidive.
Sans traitement, la sténose du pylore expose le nourrisson à une péritonite par rupture de la muqueuse gastrique et à des infections de la paroi abdominale.
Dès le diagnostic, l’enfant est hospitalisé en réanimation pour le stabiliser avant l’intervention chirurgicale (traitement de la déshydratation et de l’alcalose métabolique par des perfusions adaptées, mise en place d’une sonde gastrique pour vidanger l’estomac). L’intervention chirurgicale est une pylorotomie extra-muqueuse (ablation du pylore).
Après l’intervention, quelques vomissements transitoires peuvent survenir, mais disparaissent souvent rapidement. Le nourrisson récupère rapidement avec une reprise d’une alimentation normale et une régularisation du transit intestinal. L’hospitalisation est souvent de courte durée (quelques jours).
À noter : il existe deux risques de complications après la chirurgie : une pylorotomie insuffisante qui nécessite une seconde intervention chirurgicale, et la perforation de la muqueuse duodénale qui doit être suturée rapidement.