On n'apprend pas vraiment la propreté à son enfant, c'est une compétence qu'il acquière.
En revanche, le parent ou les personnes qui s'occupent de lui ont un rôle à jouer pour lui permettre de la développer quand il est prêt, lui faire confiance, mettre en place un environnement approprié et ne pas laisser passer la période sensible.
Voici comment faire l'apprentissage de la propreté à votre bébé.
1. Déterminez le bon moment pour apprendre la propreté à votre enfant
Votre enfant est-il prêt à être propre ? Ce qu’il faut savoir :
- Un enfant de moins de 18 mois n'est pas capable de maîtriser ses sphincters. Son système nerveux n'est pas prêt.
- On a souvent dit qu'un enfant capable de monter et descendre seul les escaliers était capable d'être propre. L'expérience et la recherche montrent que ça n'est pas tout à fait exact.
- Être propre n'est pas qu'une question de capacité physique, elle dépend aussi de son bien-être, de l'avancée de ses autres acquisitions, de l'environnement dans lequel il évolue. Un enfant en difficulté psychique peut évoluer différemment. Un enfant qui développe fortement le langage peut se montrer près plus tard à être propre : il ne peut pas toujours tout faire en même temps.
- Certains enfants sont propres de jour comme de nuit à 18 mois, mais c'est rare. Le plus souvent, les enfants sont propres le jour avant d'être propres la nuit.
- La propreté peut coïncider avec l'entrée en maternelle. Un certain nombre de parents sont stressés, voyant que la rentrée scolaire approche et que leur bambin met toujours des couches. L'expérience prouve que le processus peut aller très vite quand l'enfant a plus de 2 ans ½. En outre, si l'école demande que les enfants ne portent plus de couches, les enseignants tolèrent toujours les « accidents » : il suffit alors de prévoir un ou deux changes dans le sac à dos de l'enfant.
Remarque : en moyenne, les enfants ne portent plus de couches à 26 mois et 95 % des enfants ne portent plus de couches jetables après l’âge de 2 ans et demi (UK Environmental Agency, 2005b). Par ailleurs, ce serait vers l’âge de 33 mois en moyenne que les enfants seraient propres la nuit (Green, 1998 cité dans UK Environmental Agency, 2005a).
2. Mettez en place un environnement propice à la propreté de bébé
Laissez-lui comprendre comment fonctionne la propreté
- Si ça n'est pas tabou chez vous, laissez les toilettes ouvertes pour que le bambin sache comment les autres enfants et les adultes font pipi.
- Expliquez-lui que l'urine et les selles sont des déchets dont le corps se débarrasse pour rester sain et en bonne santé.
Proposez différentes solutions : pot, toilettes, etc.
- Laissez un pot à sa portée pour qu'il puisse se l'approprier.
- Certains enfants n'aiment pas les pots et sont à l'aise sur les réducteurs de toilettes qui présentent un petit escarbot.
- De nombreux garçons n'aiment pas faire pipi sur les pots mais préfèrent faire pipi debout au-dessus des toilettes comme les hommes.
- Certains petits garçons apprennent la propreté en faisant pipi dans le jardin avec leur papa. En sus, c'est très bon pour le gazon.
À noter : à 2 ans et demi, environ 90 % des filles et 75 % des garçons parviennent à contrôler leur vessie.
Ne le changez plus comme un bébé
Ne le changez plus allongé mais debout, en le faisant intervenir : il peut progressivement développer son autonomie en matière de propreté et enlevant lui-même sa couche, en mouillant son gant de toilette, en se lavant avec son gant de toilette, en participant à son déshabillage et son rhabillage… C'est ainsi que progressivement, il prendra confiance en lui et sentira qu'il a un impact sur sa propreté. Il faut que ce soit un jeu et une prise d'autonomie, pas une contrainte !
Profitez-en pour proscrire les lingettes sauf quand vous êtes dans un endroit où l'eau n'est pas accessible. Elles sont polluantes et souvent allergisantes. À la maison, rien ne vaut un gant de toilette, de l'eau et un savon doux. Vous pouvez fabriquer très facilement des gants de toilette pour enfants en coupant un gant de toilette d'adulte ou un petit morceau de serviette. Pour faire un gant de toilette d'enfant avec un gant d'adulte, il suffit de le couper à la taille de la main de votre bambin pour en réduire la longueur, puis la largeur. Deux petites coutures faites à la main suffiront.
3. Adoptez une attitude qui favorise la propreté de votre enfant
Chacun son rythme
- Si l'enfant vous dit (par son attitude ou ses mots s'il parle déjà) qu'il ne veut pas mettre de couche, laissez le faire l’expérience.
À savoir : Maria Montessori et Emmi Pikler ont montré que les enfants traversaient tous des périodes sensibles pendant lesquelles un apprentissage s'opère dans la joie et la simplicité. Cette période sensible passée, l’apprentissage devient beaucoup plus laborieux et difficile.
- Souvenez-vous que ça viendra : tous les enfants qui ont appris à marcher son propres un jour, de jour comme de nuit. Avant qu'un apprentissage soit abouti, l'enfant passe par différents stades qui ne sont pas toujours visibles.
Vous l'avez sans doute observé pour la marche : les essais de l'enfant donnent l'impression qu'il y est presque, et finalement il faudra attendre un certain temps avant que le bébé devienne un bambin capable de se déplacer debout. Il en est de même pour la propreté. Certains bambins commencent à aller sur le pot très tôt et sont propres des années plus tard. D'autres découvrent le pot vers 2 ans ½ et sont propres en quelques jours.
- Si vous vous angoissez à l'idée qu'il soit propre, vous risquez de l'inquiéter inutilement, de lui faire peur ou de lui faire croire qu'il n'en est pas capable.
- Ne le comparez jamais aux autres : chaque enfant, chaque personne a son rythme et son développement propre. En le comparant à la voisine ou la nièce propre à 18 mois, vous vous mettez, à vous comme à lui, une pression inutile. Vous lui faites aussi croire qu'il n'est pas capable, que vous n'avez pas confiance en lui, ce qui ralentira son apprentissage et freinera l'expression de son potentiel dans d'autres domaines.
Faites-lui confiance
- N'y portez pas une attention exagérée : promettre des cadeaux en cas de victoire, vous extasier sur le pipi ou le caca tombés dans le pot, répéter que votre bambin va devenir un grand (ce qui peut ne pas lui aussi envie que vous le croyez), le mettre sur le pot très souvent, vous inquiéter trop souvent de son envie d'aller sur le pot, toutes ces démarches ont peu de chances d'aboutir et vous demanderont bien des efforts inutiles en regard des résultats que vous obtiendrez.
- Il est bien plus efficace de lire quelques livres amusants sur le pot (mais pas trop, et pas que ça), de le laisser faire et de lui témoigner votre confiance.
- De surcroît, le tout-petit peut se demander si le caca qui sort est une partie de lui et devenir inquiet si vous passez du temps à contempler sa production.
- Dites-lui quand l'un des membres de la famille va faire pipi et proposez-lui de faire pareil.
- Proposez-lui d'aller faire pipi de temps en temps, mais sans l'obliger et sans le faire trop souvent.
- Ne l'empêchez jamais de boire parce que vous craignez qu'il fasse pipi dans sa culotte.
- Ne le grondez jamais pour une affaire de propreté : votre enfant aura honte, il croira que vous ne l'aimez plus, il perdra confiance en lui. En revanche, il peut participer à la réparation : vous pouvez lui dire gentiment « tu as fait pipi dans ta culotte, ça n'est pas grave, veux-tu aller mettre ta culotte et ton vêtement dans le panier de linge sale ? Et je vais te montrer comment on se sert de la serpillière, comme ça la prochaine fois tu pourras essayer de le faire toi-même ? ». Si vous l'exprimez avec douceur et sans lui en vouloir, ce sera pour lui l'occasion de développer son autonomie en matière de propreté.
- Sachez qu'un enfant propre peut faire pipi ou caca sur lui en cas de stress, de fou rire, s'il est préoccupé, très concentré sur une activité… Et ça ne veut pas dire qu'il a perdu ses acquisitions.
- Les enfants devraient toujours avoir accès aux toilettes, le fait qu'ils ne puissent pas sortir pour s'y rendre à l'école est préjudiciable à l'acquisition non seulement de la propreté, mais aussi d'autres facultés, même intellectuelles, et peut être source d'infections urinaires. Si votre enfant est empêché d'y aller à sa guise selon ses besoins, n'hésitez pas à en parler à l'enseignant ou à l'équipe éducative.
Les enfants cherchent toujours à faire plaisir à leurs parents. Ils deviennent rebelles seulement quand les parents ou ceux qui s'en occupent les mettent en situation de domination ou de rapport de force. Toutes les recherches récentes le montrent : les enfants sont naturellement empathiques et cherchent à bien faire, le rapport de force n'est pas naturel, il est acquis par l'éducation.
4. Comment habiller bébé pour qu'il devienne propre ?
- En été, laissez-le en T-shirt, les fesses à l'air autant que possible : il prendra ainsi conscience du fonctionnement de son corps.
- Dans toutes les circonstances, proposez-lui des vêtements faciles à enlever et remettre, par exemple un leggings (sans mettre de culotte au début, comme ça, c'est encore plus facile) ou un pantalon de jogging ou de pyjama.
- Certains enfants apprennent bien avec les couches d'apprentissage qu'ils peuvent enlever comme une culotte quand des toilettes ou un pot sont accessibles. D'autres ont tellement la sensation d'avoir une couche que ça ne leur sert à rien.
- En sortie, prenez des vêtements de rechange et des serviettes à poser éventuellement sur le siège auto en cas d'accident plutôt que de remettre une couche.
- À vous de voir si vous acceptez que votre bambin remette une couche un jour où il ne se sent pas sûr de lui, s'il vous en fait la demande. Dans ce cas, ça n'est pas préjudiciable. En revanche, ne lui remettez pas, de votre propre chef, de couche sous prétexte que la veille il a fait pipi sur lui.
- En avion, dans le train, vous pouvez utiliser des couches d'apprentissage en expliquant bien la situation : les toilettes ne sont pas très accessibles, elles sont étroites, et c'est pour ça seulement que vous lui proposez des couches d'apprentissage.